[RP] Qu'est-ce que t'en dis ?

Sujet: [RP] Qu'est-ce que t'en dis ? Sam 28 Jan 2012 - 16:22

Les invités étaient partis.
La Dame de Beaumont devait être en route pour sa nouvelle demeure.
Della avait été comblée, aujourd'hui, tout s'était bien déroulé.

Elle avait bu un peu trop de ce vin qu'elle adorait, la tête lui tournait légèrement et elle se sentait un peu plus gaie que d'habitude. A moins que ce ne soit la perspective de passer la nuit avec son époux.
Sauf que pour ça, il fallait encore qu'il accepte de lui parler.

Il ne servait à rien de repousser à plus tard, la confrontation.
Un peu grise, cela passerait plus facilement, elle oserait jouer des mots et de ses charmes pour obtenir un pardon et la réconciliation qui allait de paire.

Réconfortée par cette assurance qu'elle venait de se créer, elle fit savoir à son époux qu'elle était au petit salon et qu'elle espérait bien qu'il vienne l'y retrouver.
Elle avait d'abord pensé à vivre cet entretien dans leur chambre mais...elle craignait que Kéridil imagine que l'endroit fut un piège.
Et puis, ici, au pire, si ça tournait mal, elle pouvait encore s'enfuir par la fenêtre puisqu'on était au rez-de-chaussée.

Et...soignant l'ambiance, elle souffla une chandelle sur deux et prépara deux superbes hanaps en cristal sur pied - objets rares et coûteux, on ne compte pas quand on doit sauver son mariage - qu'elle accompagna d'une carafe de liqueur de prunelles, agréablement sucrée au miel.
Elle défit une partie de son chignon, libérant la moitié de sa chevelure qui tomba sur son cou, laissant sa gorge fine entièrement dégagée, seulement ornée d'un fin collier de pierreries.

Un verre d'avance...histoire de se donner du coeur à l'ouvrage et...le regard posé sur la porte...décomptant les minutes.

Sujet: Re: [RP] Qu'est-ce que t'en dis ? Dim 29 Jan 2012 - 10:40

Les minutes passèrent sans doute. Pas que l'époux transi y mit une quelconque mauvaise volonté, nenni. En réalité, dans des domaines de telle envergure, la notion de petit salon perdait tout son sens, si elle n'était pas agrémentée d'une précision. Ainsi, faute de se trouver dans le petit salon de l'Aile Ouest, c'est tout naturellement que le Baron avait pris la route d'un salon plus froid, situé dans l'aile nord, avant de remarquer que son choix n'avait rien d'évident.
Revenant sur ses pas, il dut traverser différents couloirs, et user de différents escaliers pour arriver à son but. Dans son état, monter des marches n'avait rien de simple. Une demi-heure avait du s'écouler depuis la fin de la cérémonie.
Della attendait, nonchalamment mise, ce qui, avant de le séduire, surpris Montpipeau. Sa femme n'était pas négligée d'usage, bien au contraire. Là, son verre vide et sa coiffe étaient un appel littéral à la débauche.

L'Amahir prit place dans un fauteuil de velours, mais pas avant d'avoir embrassé le front de son aimée. Il l'observa un moment et se servit lui-même, notant le raffinement du hanap. Something went wrong.
Un silence pesant tendit à s'installer. A dire vrai, le Grand Ambassadeur ne savait que dire, et ses pensées étaient malmenées.
Il y avait un abcès à crever, un non-dit à prononcer. Il le savait, les lettres de la Baronnes étaient éloquentes et claires, dans leur confusion. Or, il ne savait pas la teneur de la chose, ce qui le mettait dans une position inconfortable.
Curieux, et même désireux de tout savoir, son instinct lui dictait de mettre son épouse, sans préliminaire, devant la nécessité de parler, de faire vite. Modéré et diplomate, alourdi par quelques circonstances désagréables de la vie, il souhaitait ne rien entendre, et sommer sa femme de se taire, optant pour la couardise, préférant se lover dans le confort et dans un amour peut-être factice, mais divertissant. La vie maritale était seule plaisante, et qu'un souffle vienne y mettre la pagaille le navrait profondément.
Pourtant, il fallut se lancer, et c'est tentant d'osciller entre deux états d'esprit que Keridil y alla pour un :

Belle cérémonie. Maud est un peu rustre, mais dévouée je pense et de bonne volonté.

Et puis il fait beau toussah, et puis surtout ce n'est pas moi qui amènerait la conversation sur le sujet phare du jour, et ce parce que je n'en ai, au fond, ni l'envie ni le courage, et que j'ai peur.

C'est une liqueur ? N'est-il pas tôt pour une liqueur ?

Pour sûr, recadrer un ancien Grand Echanson à propos du service d'une boisson, c'est de la stratégie !
Toujours est-il que le brun se contenta de la prunelle qui goûta avec plaisir, finalement, avant de lâcher dans un soupir.

Mais dites-moi tout, dites-moi donc ce qui vous affolait il y a encore quelques jours, au point même d'une pénitence. Vous m'avez inquiété. Ma Mie.

Ces deux derniers mots étant un vain moyen de rattacher à tout cela de l'amour et de l'affection. Pourtant, la distance de sécurité était de loin surestimée. La soirée promettait d'être longue.

Sujet: Re: [RP] Qu'est-ce que t'en dis ? Dim 29 Jan 2012 - 11:28

Nos pas dans les mêmes empreintes
Vers les mêmes lendemains
Nos habits sur les mêmes cintres
Qu'est-ce que t'en dis?

C'est par un sourire que la Blonde Baronne avait accueilli la critique sur la cérémonie et sur Maud.
Ses yeux n'avaient pas quitté l'époux depuis son arrivée dans le salon.
Comme à chaque fois, elle le trouvait beau, élégant, d'une prestance sans faille, même sa démarche boiteuse et cette canne devenue son amie, ne lui ôtaient rien à cette aura magnifique.

Oui, je sais que Maud sera une vassale fidèle.
C'est aussi une...amie...enfin, quelqu'un en qui j'ai confiance.

Le silence reprit ses droits, rompu par une remarque sur l'heure de la liqueur à laquelle Della ne répondit que par un petit mouvement des épaules.
Comment dire à son époux qu'il n'y avait pas d'heure pour s'adonner au doux plaisir de l'ivresse, surtout quand celle-ci semblait donner du courage. Ou de la lâcheté. Allez savoir.
D'ailleurs, elle remplit à nouveau les deux récipients.
Cela lui permit de jouer avec le liquide épais, le faisant tourner dans son verre...Lâche.
Et elle but d'un trait, la délicieuse boisson sucrée.
Courage.
Fuyons !

Je suis allée à Thorens.
Je n'ai guère eu le temps d'y séjourner longtemps puisque je fus rappelée pour l'anoblissement de Maud.
Mais j'y suis restée assez longtemps pour avoir repris mes esprits et aussi confiance en moi, savoir que je devais vous parler.

Quelques pas, de long en large, jusque devant la cheminée où le regard semble se perdre sans pour autant que la voix ne cesse.
Je doute souvent, savez-vous ?
Je n'en donne pas l'air comme ça mais...le doute est souvent mon compagnon.
Je...si je vous ai écrit...ces mots qui...sans doute dépassaient largement ma pensée...c'est que...j'étais perdue.

Le verre vide tournoya dans sa main, et respirant profondément, elle se tourna, faisant face à nouveau à son époux.
Le choix était fait, on ne reviendrait plus en arrière.
Vous avoir quitté ainsi, abandonner l'Orléans alors que je vous avais promis de rester à vos côtés là-bas...la scène que je vous ai faite, pour revenir en Bourgogne...

Le regard se fit triste, implorant, se baissa pour regarder le parquet parfaitement ciré.
Soupir.
Geste d'impuissance dans deux mains qui semblent vouloir se tendre vers l'homme...
Je sais que vous vouliez une épouse forte à vos côtés et...voilà que vous vous retrouvez avec une enfant capricieuse...je suis honteuse de mon comportement, de cet abandon, de cette lâcheté...Je vous suis infidèle, Kéridil.
La voix se brise, quelques pas en avant, en direction de l'époux qu'on aime malgré tout...Suspens.

Je vous suis infidèle parce que je fais toujours passer la Bourgogne avant vous.
Oui, la liqueur favorise une certaine forme de lâcheté.
Et quand la reine y est allée de ses "bons conseils", comment lorsque l'on est en danger, ne pas favoriser la lâcheté ?
...Toute vérité n'est pas bonne à dire.
...Parfois, un mensonge vaut mieux qu'un drame.
C'est ce que Della se répète à cet instant même où l'opération sauvetage de mariage est en cours.

Sujet: Re: [RP] Qu'est-ce que t'en dis ? Lun 30 Jan 2012 - 9:00

Eh, ne doutait-il pas lui ? Toujours est-il qu'à cette première affirmation de Della, le Baron se rendit compte que même quand l'évidence était sous ses yeux, il ne la regardait pas. Bien sûr que la blonde doutait. Qui en ce bas monde pouvait se targuer d'avoir une absolue confiance en toute chose ? Mais jamais il ne s'était questionné sur ses doutes, et il n'avait pas plus cherché de savoir ce qui pouvait la miner, dans son existence.
Une boule commença à se former dans la gorge du brun, à l'idée qu'il était peut-être un de ces maris froids et distants, qui une fois le mariage consommés ne s'arrêtent plus à penser à l'épouse qui cesse d'être un humain pour devenir un objet du quotidien, présent mais que l'on ne voit plus, la faute à l'habitude.
Le souvenir du départ de Della, retournée en Bourgogne, fut chassé d'un oeil exaspéré, puis à l'acmé du discours, l'Amahir dut aller prendre son épouse dans ses bras, près de lui. Au plus près de lui.

Elle n'était pas plus capricieuse que lui en réalité. Elle n'avait que cet apanage qu'à toute femme de devoir plaire à son époux, quand pour lui tout doit être acquis. Lui n'avait rien à solliciter quand il était de bon aloi qu'elle même demande un droit avant d'agir.
L'injuste condition féminine n'avait jamais frappé Montpipeau, qui croyait la chose entendue et acceptée.
Ainsi, avant que le mot "infidèle" fut prononcé, il avait caressé la chevelure semi-défaire de la Mirandole, en lui murmurant un shhht, tu n'es pas capricieuse.
Pour sûr, le regard implorant et le cou offert y étaient pour quelque chose.
Quant à l'infidélité, ce concept qui aurait dû frapper le Seigneur en pleine face, le faire reculer et le mettre en rage : il ne le nota même pas. Dans ce amas de paroles et d'auto-reproches, il n'avait pas perçu de faute. La bien-aimée n'était pas grave, elle était maîtresse d'elle-même à tel point que ce qui aurait dû être la source d'un intolérable questionnement ne fit que passer inaperçu.
L'infidélité était morale à n'en pas douter, et comment aurait-il pu en être autrement, dans cet esprit Amahirien étriqué ? Et elle le confirma. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Un poids avait quitté les entrailles de Keridil. Il avait pensé à mal, à tellement de mal, qu'il ne pouvait qu'être soulagé.

Della. Della. Della.

Là, il l'embrassa.

Mais vous n'êtes pas un monstre. Ah je vous aime, j'ai tant pensé que vous aviez fauté en de plus graves façons ! L'adultère, la Haute Trahison, le meurtre. Je me suis tant demandé "mais qu'a-t-elle bien pu faire que ma présence et pénitence soient si nécessaires !?" Et non. Vous me trompez avec la Bourgogne. Ce n'est donc que cela. Eh ! Y a-t-il mal à me rendre la pareille ? Je vous suis infidèle avec Paris, avec Montpipeau. J'ai tant de ces maîtresses de pierre. Allons. Ma mie, calmez-vous.
Je suis sans doute un peu la raison de tout cela.

Et toi, alors, qu'est-ce que t'en dis ?

Sujet: Re: [RP] Qu'est-ce que t'en dis ? Lun 30 Jan 2012 - 14:18

Nos couverts sur la même table
Nos corps dans le même bain
Nos châteaux dans le même sable
Qu'est-ce que t'en dis ?

Ô doux refuge des bras de l'épousé, ô doux sentiment de sécurité et apaisement de ces coups de tambourins dans la poitrine qui ne peut retenir un sanglot que pourtant un baiser encore passionné éteint d'un coup de tendresse retrouvée.
Cette tendresse dont elle avait confessé tant manquer, cette complicité qu'elle cherchait ailleurs puisque les missives ne reflétaient pas les peurs et les questionnements immédiats, enfin retrouvées, tellement espérées...et tant éphémères...Obtenues par silence apposé sur des actes peu aristotéliciens, est-ce une victoire ?

Le souffle chaud sur son cou, les caresses pourtant si sages, ce regard qui la transperce et les lèvres qui se posent sur sa peau, doucement allumèrent cette étonnante chaleur qu'elle s'était mise à aimer, cachée au creux de ses reins, qu'elle espérait tant, n'osant encore la quémander. Une éducation, ça vous colle à la peau !
Au baiser, elle répondit par une étreinte passionnée, risquant de ses doigts d'abord de légères caresses avant de trouver le moyen de s'insinuer sous les riches tissus, touchant la chaleur du corps de son époux.
A ses paroles, elle répondit par un regard langoureux, légèrement provocateur, devenant séductrice puisqu'il l'acceptait.
Ce fut elle alors qui prit l'initiative d'un baiser sans équivoque, moulant son corps au sien, balançant au rythme du désir qui la brûlait maintenant.
Fallait-il que pour retrouver cette envie, pour ranimer une passion, le danger soit de si près frôlé ? Le jeu avec le feu était-il nécessaire à la naissance d'une passion, à la survie de celle-ci ? Faudrait-il pour séduire son époux, lui rappeler qu'elle était devenue une femme, qu'elle courtise quelques proies qui seraient alors délaissées au profit du légitime, innocente victime ?
Lâchant son Ange alors, elle le regarda, intensément.

Non, vous n'êtes point responsable, mon amour, ce sont nos vies qui le sont...Et tous leurs détours avec...qu'ils soient bons ou mauvais.

Ses doigts longèrent les traits de son visage, le dessinant avec douceur, finissant par la courbe des lèvres que ses lèvres vinrent alors reprendre, n'attendant pour toute réponse qu'une invitation à la pénitence charnelle, susurrée comme une prière :
Je t'aime...

S'il fallait écrire une morale à cette histoire, hélas, elle n'aurait de moral que ce que l'on voudrait bien y inscrire. Fasse que les braves gens ne s'offusquent pas de la chute...

Mais laissons les choses se faire car peut-être la gente épouse vendait-elle trop vite, la peau de son ours...